
Les activités artistiques au lycée François-Truffaut de Challans : "On a trop bossé comme pas permis"
Voici, pour vous donner une idée, une captation officielle de la finale d'impro québécoise de 2017. Un vrai show et une sacrée ambiance, très codifiés dans le déroulement et les épreuves, et très inventifs dans les propositions. Vous comprendrez mieux ce qu'il en retourne de ces matches d'impro (même si on n'a parfois du mal à comprendre le français de nos cousins). Notons juste une différence importante avec notre approche : ces improvisations reposent essentiellement sur la parole, tandis que nous procédons en faisant appel à toute la palette théâtrale, notamment corporelle (l'espace n'est d'ailleurs pas le même). Allez voir, vous ne serez pas déçus :
CHANGEMENT DE PROGRAMME :
GAËLLE NE POURRA PAS ÊTRE AVEC NOUS DEMAIN
MAIS ON FERA THÉÂTRE QUAND MÊME, OF COURSE !
Fin de partie est la deuxième pièce de Samuel Beckett à avoir été représentée. Créée en 1957, elle a d'abord été écrite en français, puis traduite en anglais par Beckett lui-même. Elle met en scène quatre personnages physiquement handicapés, dont les deux principaux sont Clov, qui est le seul à pouvoir se
déplacer à sa guise ou presque, et Hamm qui est son maître (l'extrait de mercredi est un dialogue entre ces deux
hommes). Tous vivent dans une maison qui est, selon les dires des personnages, située dans un monde désert, dévasté et post-apocalyptique.
Même règle du jeu (presque) que la semaine dernière : Un texte en lui-même bourré d'implicite + toutes les didascalies ôtées = un espace d'inventivité maximal. Une petite règle supplémentaire par rapport à mercredi dernier : utiliser un ou plusieurs draps. Les quatre groupes, de trois ou quatre Têt'arts, ont fait preuve d'une épatante créativité. Quatre propositions très différentes, qui se tenaient toutes.
Et vous qu'en auriez-vous fait, de ça :
- Quelle heure est-il ?
- La même que d’habitude.
- Tu as regardé ?
- Oui.
- Et alors ?
- Zéro.
- Il faudrait qu’il pleuve.
- Il ne pleuvra pas.
(XXX)
- A part ça, ça va ?
- Je ne me plains pas.
- Tu te sens dans ton état normal ?
- (XXX) Je te dis que je ne me plains pas.
- Moi je me sens tout drôle. (XXX) Eh !
- Oui.
- Tu n'en as pas assez?
- Si ! (XXX) De quoi ?
- De ce... de cette ...chose.
- Mais depuis toujours (XXX). Toi non ?
- (XXX) Alors il n'y a pas de raison pour que ça change.
- Ça peut finir. (XXX) Toute la vie les mêmes questions, les mêmes réponses.
- Prépare-moi. (XXX) Va chercher le drap. (XXX).
- Oui.
- Je ne te donnerai plus rien à manger.
- Alors nous mourrons.
- Je te donnerai juste assez pour t'empêcher de mourir. Tu auras tout le temps faim.
- Alors nous ne mourrons pas. (XXX) Je vais chercher le drap. (XXX)
- Pas la peine. (XXX) Je te donnerai un biscuit par jour. (XXX). Un biscuit et demi. (XXX) Pourquoi restes-tu avec moi ?
- Pourquoi me gardes-tu ?
- Il n'y a personne d'autre.
- Il n'y a pas d'autre place. (XXX)
- Tu me quittes quand même.
- J'essaie.
- Tu ne m'aimes pas.
- Non.
- Autrefois tu m'aimais.
- Autrefois !
- Je t'ai trop fait souffrir. (XXX) N'est-ce pas ?
- Ce n'est pas ça.
- (XXX) Je ne t'ai pas trop fait souffrir ?
- Si.
- (XXX) Ah ! Quand même ! (XXX) Pardon. (XXX) J'ai dit pardon.
D’après Fin de partie, Samuel BECKETT (1957)


Suite aux confinements, couvre-feux, fermetures des théâtres et tutti quanti, la Comédie française a imaginé d'étranges objets scéniques, qui valent le détour. Ce ne sont pas de simples lectures à la table, ce ne sont pas des représentations filmées, pas des répétitions non plus, c'est autre chose, mais quoi qu'il en soit le résultat donne à entendre et à voir des textes qui prennent alors une belle densité. Le site présente ainsi ce Théâtre à la table : "chaque semaine, une équipe de comédiennes et comédiens prépare en seulement 6 jours la création d’une pièce, dévoilant le travail de lecture préalable aux répétitions en scène, où naissent premières trouvailles et envolées". Allez voir !
Voici le texte qui a servi de support, mercredi, à nos Têt'arts, regroupés par 4 ou 5 pour l'occasion. Dans l'extrait ci-dessous, histoire de laisser la plus large place possible à l’implicite, déjà fort grand, toutes les didascalies ont été enlevées. Croyez-vous que cela a bloqué l'imagination des Têt'arts ?!? Pas du tout, pas du tout... Au contraire... Et vous, vous en feriez quoi de... ça ? :
- (xxx) Oh ! Chère amie. Quelle chance de vous...
- (xxx) Très heureuse, moi aussi. Très heureuse de... vraiment oui !
- Comment allez-vous, depuis que...?
- (xxx) Depuis que ? Eh bien ! J'ai continué, vous savez, j'ai continué à....
- Comme c'est ! ...Enfin, oui vraiment, je trouve que c'est...
- (xxx) Oh, n'exagérons rien ! C'est seulement, c'est uniquement... Je veux dire : ce n'est pas tellement, tellement...
- (xxx) Pas tellement, pas tellement, vous croyez ?
- (xxx) Du moins je le... je, je, je... Enfin!...
- (xxx) Oui, je comprends : vous êtes trop, vous avez trop de...
- (xxx) Mais non, mais non : plutôt pas assez...
- (xxx) Taisez-vous donc ! Vous n'allez pas nous... ?
- (xxx) Non ! Non ! Je n'irai pas jusque là !
xxx
- Mais au fait, puis-je vous demander où vous...?
- (xxx) Mais pas de ! Non, non, rien, rien. Je vais jusqu'au, pour aller chercher mon. Puis je reviens à la.
- (xxx) Me permettez-vous de... ?
- Mais, bien entendu ! Nous ferons ensemble un bout de.
- Parfait, parfait ! Alors, je vous en prie. Veuillez passer par ! Je vous suis. Mais à cette heure-ci, attention à, attention aux !
- (xxx) Vous avez bien raison. C'est pourquoi je suis toujours très. Je pense encore à mon pauvre. Il allait, comme ça, sans, -ou plutôt avec. Et tout à coup, voilà que ! Ah la la ! Brusquement ! Parfaitement. C'est comme ça que. Oh ! J'y pense, j'y pense ! Lui qui ! Avoir eu tant de ! Et voilà que plus ! Et moi je, moi je, moi je !
- Pauvre chère ! Pauvre lui ! Pauvre vous !
- (xxx) Hélas oui ! Voilà le mot ! C'est cela !
xxx
- (xxx) Attention ! Voilà une !
xxx
- En voilà une autre !
- Que de ! Que de ! Ici pourtant ! On dirait que !
- Eh bien ! Quelle chance ! Sans vous, aujourd'hui, je !
- Vous êtes trop ! Vous êtes vraiment trop ! (xxx) Mais si vous n'êtes pas, si vous n'avez pas, ou plutôt : si, vous avez, puis-je vous offrir un ?
- Volontiers. Ca sera une ! Comme de nouveau si...
- (xxx) Pour ainsi dire. Oui. Tenez, voici justement un. Asseyons-nous !
xxx
D’après Finissez vos phrases – La comédie du drame – 1951 – Jean Tardieu
Monsieur Wikipédia nous en
dit entre autre ceci : "Jean Tardieu (1903-1995) est un écrivain et poète français, inventeur extrêmement fécond, qui s'est essayé à produire dans tous les genres et tous les tons : humoriste aussi bien que métaphysicien, dramaturge et poète lyrique ou formaliste, il a déployé en plus de soixante ans une créativité exceptionnelle, faisant alterner une poétique classique avec le vers libre ou les tentatives audacieuses de l'écriture informelle. Avec une inquiétude métaphysique dissimulée sous l'humour, Jean Tardieu n'a cessé de se « demander sans fin comment on peut écrire quelque chose qui ait un sens ». [...]
Il écrit aussi pour le théâtre de courtes pièces dans lesquelles ses recherches sont proches de celles de l'art abstrait et de la musique : comme l'indique l'auteur lui-même, ce sont des Poèmes à jouer, le jeu portant sur des thèmes formels plus que sur le contenu de la pièce."
Ce message s'adresse aux groupes encadrés par Pascal/Dom. Pascal sera présent mercredi prochain. Ce sera sa dernière intervention pour...