« Au commencement était le théâtre.
C’est possible, car on a toujours raconté des histoires. Raconter une histoire, cela suppose un acteur et un texte. Et d’autres qui écoutent. Le théâtre naît de la rencontre de ces trois éléments, tout simplement.
Depuis son origine – en Occident en tout cas – le théâtre a été pendant vingt-cinq siècles le véhicule privilégié des histoires, donc de la connaissance de l’homme, des hommes, du monde. Puis l’on a appris à lire et à écrire, et le langage s’est transmis par d’autres moyens, les idées ont été diffusées par d’autres médias. Mais le théâtre a subsisté.
Il est irremplaçable ; il est devenu un art complexe et sophistiqué, tout en restant le plus simple parce que le plus direct, sans médiatisation entre celui qui donne et celui qui prend. La vie théâtrale reste l’espace où tout peut avoir lieu, où les phénomènes les plus extraordinaires peuvent se produire. Dans l’histoire de l’Occident, les périodes où le théâtre a eu peu d’activité – pour des raisons historiques ponctuelles – ont toujours été des périodes de décadence ou de léthargie. Le théâtre est la vie même, la vie de l’instant. Il n’existe qu’au moment où il a lieu, et il ne laisse de traces que dans les consciences. L’éphémère est dans sa nature même ; c’est sa force et sa faiblesse, car la mémoire du théâtre reste totalement subjective. En ce sens il est parfaitement humain, dans la beauté de l’absurde et la grandeur du dérisoire.
Il est l’art par excellence.
Il est aussi la rencontre de tous les arts.
Il peut donc être l’objet de tous les malentendus. »
Jean-Pierre Miquel
Commentaires