Bon, il est deux heures du matin et je me pose enfin devant ma feuille. Un peu de musique dans les oreilles et c'est parti.
J'attends toujours de « sentir » le bon moment pour écrire. Il y a deux ans, c'était après le dernier cours. L'an dernier, je n'ai pas écrit, et cette année... c'est maintenant. Pourtant, je suis fatiguée. Mais je vais le faire, parce que c'est le bon moment. Je vais écrire ma pépite.
Il y a quelques heures se terminait la dernière représentation de Dionysos Circus. En tant que terminale, c'est un coup dur. Chaque année, on voit les grands partir, ça nous rend tristes, mais il nous reste du temps. Mais cette année, le temps s'est écoulé. Il est trop tard pour nous. Il est trop tard pour moi. Je pense qu'au moment où j'écris ces lignes, je ne réalise pas encore que je ne jouerai plus avec vous dans le forum. Ce forum que j'ai si souvent maudit. « Non, je ne peux pas venir. J'ai théâtre. ». Ce forum qui nous a découvert, réuni, rassemblé. Ce forum grâce à qui je vous ai tous rencontré.
L'an prochain, je reviendrai. Je serai dans le public, mais toujours à vos côtés.
Petit retour en arrière...
Dom nous lit le message d'Ellyn et Tanguy, je verse deux larmes. Une pour chaque œil. La concentration commence, je me laisse aller. Je m'échauffe la voix, le corps, je regarde tout le monde. Cette famille avec qui j'ai passé un, deux voire trois ans. Je regarde Vincent. C'est sa dernière année lui aussi. Sa dernière représentation, son dernier échauffement. Je regarde Dominique qui nous observe en souriant. Mon regard dérive sur Julien, petit nouveau, qui va vraiment me manquer. Je pense aussi à Gaëlle et à Eric, si souvent là pour nous. Aux deux Stéphane. Je ne le sais pas encore mais l'un des deux s'en va lui aussi. Au moment de crier « Vous ! » sur le forum, je croise le regard de Marion, qui fait toujours partie de la famille. Et des CAA sans qui nous ne serions rien.
Puis les câlins arrivent, et c'est le déluge. Les chutes du Niagara sur mes joues. Oui, il faut intérioriser. Oui, il faut garder ses émotions pour la pièce. Mais c'est trop dur... Alors je me laisse aller, puis je me reprends. « Tu pleureras lors de ta scène », je me dis.
Même pas ! Je vois ma scène défiler, c'est comme si je la laissais passer. Je ne peux pas la récupérer. C'est la dernière fois que je la joue et elle me glisse entre les doigts. Les larmes restent dans mes yeux. Je crie sur Solène, je lui fais comprendre qu'elle tient la tête de son fils dans les mains. Je suis triste, autant dans mon rôle que dans mon être. Mais je ne pleure pas. Je trouve du réconfort auprès de Marie, mais je ne pleure pas.
C'est le final. Je recule, le visage enfoui dans les cheveux de Clara, je ne pleure pas. La pression redescend, mon cœur se serre. Et puis, je sors de scène. Je fais un pas derrière le pendrillon, et j'éclate en sanglots. La pression n'est plus là. Nolwenn me prend dans ses bras. Elle me murmure que cette dernière était parfaite. Louise nous rejoint et pleure avec moi.
La musique redémarre. C'est le moment du salut. Tout le monde se sourit, tout le monde se félicite. On l'a gérée, cette dernière ! A la fin, on applaudit en même temps que le public. Pour les remercier. Et alors... Une chose se passe. En dix ans de théâtre, je n'avais jamais vu ça. Le public se lève. Mais pas quelques personnes dans le public, non. Tout le public. C'est vraiment magique.
Je vais reprendre les mots de ce monsieur pour vous résumer ces trois ans passés à vos côtés : « Vous m'en avez mis plein les yeux, les oreilles et plein le cœur. »
Au final, je n'ai pas écrit une pépite, c'est vous ma pépite.
Constance
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