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AntigoneS, ça parle de quoi ?


Faut-il présenter Antigone ? Fille d’Œdipe, roi de Thèbes, et de Jocaste, elle accompagne celui qui est à la fois son père et son frère pendant dix ans, lorsqu’il se fait mendiant, après qu’il s’est crevé les yeux en découvrant l’inceste dont il est responsable. Ses deux fils, Étéocle et Polynice, décident de régner un an chacun, à tour de rôle. Mais Étéocle refuse de passer le pouvoir à son frère. Commence une guerre meurtrière. Antigone revient à Thèbes pour tenter d’arrêter ce combat fratricide. Mais les deux frères s’entre-tuent. Créon, frère de Jocaste et oncle d’Antigone, monte sur le trône. Il décide d’offrir une sépulture digne de son rang à Étéocle et de laisser le cadavre de Polynice, le rebelle qui apporte la guerre à sa propre cité, pourrir sans recevoir les rites funéraires. Antigone n'accepte pas cette loi...
D’Antigone à AntigoneS, sept textes ont été retenus dans notre adaptation, tous modernes : Antigone de Jean Cocteau (1922), «  Antigone ou le choix », in Feux de Marguerite Yourcenar (1935), Antigone de Jean Anouilh (1944), Antigone de Bertold Brecht (1948), Antigone et La lumière Antigone d’Henry Bauchau (1997 et 2008), Si je crève, ce sera d’amour d’Axel Cornil (2015). Que raconte notre AntigoneS ? Que cette héroïne est unique et multiple, son histoire sans cesse reprise, rejouée, réinterprétée. Toujours vivante, à chaque fois mourante, petit phénix têtu renaissant de ses cendres.
Et surtout, Antigone nous interroge toujours, sans connaître elle-même les réponses. Pourquoi cette révolte absolue, cette volonté de mourir, quand on aime tant la vie ? Comment peut-on détester à ce point une société pour s’en exclure volontairement en lui crachant à la figure son propre sacrifice ?… Pourquoi  cette radicalité absolue, ce refus de tout dialogue ? Quelle haine, quelle impossibilité à vivre, quel rejet contre le monde que représente Créon l’habitent ainsi ? S’agit-il de courage, d’héroïsme, de pureté, de piété, de justice morale, d’inconscience, d’aveuglement, de désespoir, d’intégrisme, de fanatisme, de fuite, d’incapacité à vivre ?…
Antigone a toujours vécu dans une violence qui accompagne chaque pas de cette adolescente : violence de ses origines incestueuses, de la guerre à peine terminée, de son exil de mendiante, de la fureur éternelle des hommes qui l’entourent… Elle affiche par sa mort son refus des valeurs de la société incarnée par Créon. C’est un acte politique qu’elle pose, pas seulement une affaire familiale intime qu’elle tente de régler. Son esprit de révolte est total, sans concession possible, sans discussion possible. Elle dit non parce qu’elle ne peut pas dire oui, sans exactement savoir à quoi elle dit non. Parce la vie qu’on lui propose ne lui va pas, parce qu’elle veut partir en ayant clamé son refus d’un monde qu’elle vomit, et qu’au moins on le sache. C’est comme s’il fallait qu’elle meure pour exister enfin. Pourtant, normalement, quand on est des jeunes gens, comme sa sœur Ismène ou son fiancé et cousin Hémon, on a envie d’aimer et de croquer la vie à pleines dents...
Voilà pourquoi nous avons choisi Antigone : Pour l’étonnante intemporalité de cette jeune fille qui se lève et qui dit « non » au prix de sa vie, qu’elle offre en sacrifice. Mais aussi pour son actualité.

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