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Une pépite qui vaut son pesant d'or...

C'est celle de Cassie, une théâtreuse de choc durant trois années, qui a quitté le lycée, son bac en poche, l'an dernier, et qui continue son petit bonhomme de chemin dans le monde du théâtre. Elle nous a fait un bien joli, beau, fort, intense, magnifique (etc.) cadeau. Une pépite qui porte bien son nom, un poème en alexandrins, tant qu'à faire. Quand la forme et le fond se marient avec une telle force, on atteint des sommets. Juste un exemple, un seul : "N’est-ce pas après tout, les enjeux de cet art ? / Mettre un lien entre nous, tristes vies dérisoires / Et les autres, les grands, les noms et les destins / Pour dévoiler en nous, le grand dans l’anodin." Merci, Cassie, merci tout plein. Tu nous manques, et on t'embrasse !

CRITIQUE EN ALEXANDRINS DE NOTRE SPECTACLE CYRANO, PAR CASSIE


De retour dans ma ville, enchantée, nostalgique,
Ce jour de vendredi, à cette heure magique
Où le soleil s’incline et la lune gouverne
J’ai rejoint un ami et, ignorant les cernes,
Que des jours de partiels avaient en nous fait naître
Ensemble nous avons précipité nos êtres
Dans la salle sans nom d’un théâtre ordinaire
Où devait se jouer dans un cadre scolaire
Une pièce amateur mais aux mille promesses 
De merveille et de joie, de grandeur, de détresse.

Nous nous sommes assis au milieu du public
Et dans l’anonymat d’une foule extatique,
Nous guettions, amusés,  sous les capuches sombres
Reconnaissant tantôt, un visage ou une ombre
Et nous laissions alors revenir en mémoire
Le temps où nous, comme eux, attendions dans le noir
Que la lumière enfin, se fasse sur la scène ;
Souvenirs adorés d’une époque lointaine.

Le spectacle promis commence devant nous,
Et les amis s’oublient et les comédiens jouent
Quand bien même en nos cœurs, soit là, la volonté,
Moi-même et mon ami ne pouvons empêcher
Larme mais rire aussi, et puis joie puis tristesse
Puis peur, rage et fureur et force puis faiblesse
De jouer sans pudeur dans nos yeux éblouis.

Nos visages enfin, à l’image de l’âme
Se font les fiers miroirs des souffrances infâmes
De ces mômes armés, de cet homme amoureux,
Du glorieux héros, des gosses miséreux.
Et se mêlent alors, l’espace d’un moment 
L’incomprise noblesse et l’amour de l’instant
De l’horrible et splendide adolescence folle
Avec ce Cyrano, de tout drame l’idole,
Et son intemporelle et admise grandeur.
Et ces deux tragédies, d’hier et de demain
Ensemble se côtoient et s’unissent enfin
Pour créer en chacun, quelque je-ne-sais-quoi
De commun, d’absolu, mais d’unique, de soi

N’est-ce pas après tout, les enjeux de cet art ?
Mettre un lien entre nous, tristes vies dérisoires
Et les autres, les grands, les noms et les destins
Pour dévoiler en nous, le grand dans l’anodin.

Puis, mon ami et moi, partîmes vivement 
Après que furent morts les applaudissements
Nous sommes descendus, avons quitté les lieux
Avons rejoint la nuit, et, enivrés, tous deux,
N’avions qu’une pensée, sous nos fronts incertains
« Bah putain de bordel ! Qu’ils sont beaux ces gamins ! »

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