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La pépite de Mia : la dernière de Dionysos Circus

L’instant d’un soir
  Nous sommes le vendredi 27 mai 2016. Il est 16h15. Le forum se vide, les quelques étudiants restants rejoignent leur salle de cours, ou rentrent chez eux. D’autres, assis tranquillement sur les marches, doivent sûrement se demander ce que je fiche dans le forum avec des rideaux noirs plein les bras. Mais moi, je les remarque à peine. Je suis plus que jamais motivée pour apporter mon aide avant l’ouverture du Dionysos Circus, pour la dernière fois ce soir. 
  Je ne saurais choisir un moment précis de cette soirée. Mon instant s’étend sur près de  sept heures. Sept heures de travail, de bonne humeur, sept heures d’entraide, de partage, de frissons. Sept heures que probablement, je n’oublierai jamais. Pourquoi cette soirée-là ? C’est vrai, il y en avait beaucoup d’autres. J’aurais pu décrire mon émerveillement lorsque j’ai vu la pièce pour la toute première fois au théâtre du Marais. Ou encore l’émotion que j’ai ressentie  lorsque je l’ai redécouverte dans le forum, le week-end précédent. J’avais d’ailleurs déjà quasiment terminé ma pépite, et j’étais sur le point de boucler mon travail. Et puis est arrivée la dernière soirée. Alors forcément, en relisant la page Word, il ne m’a pas fallu plus de trois secondes avant de sélectionner entièrement mon texte et d’appuyer calmement sur la touche « Supprimer ». Car tout ce que je voulais dire était concentré dans ce que j’avais vécu, ce soir-là. Tout simplement.
  Que dire de l’ambiance formidable qui régnait dans le forum depuis quelques heures déjà ? Régisseurs, comédiens, professeurs travaillaient ensemble, dans une bonne humeur qui m’épatait à chaque fois. Nombre de ces personnes me reconnaissent et me saluent, ça me fait chaud au cœur, et nous travaillons si bien tous ensemble que le plus gros du travail est bouclé en un rien de temps. Il fait chaud, tout le monde étouffe, mais peu importe, nous sommes plus motivés que jamais. Rapidement il ne reste plus grand-chose à faire, alors Alice et moi partons manger. Nous regardons les badges que l’on nous a remis un peu plus tôt, ceux que nous avons réalisés cette année en CAA, elle et moi. C’est toujours drôle de voir l’aboutissement de son travail. 
  Cela fait maintenant deux heures qu’Alice et moi guettons l’arrivée des collégiens. Armée d’une pile de programmes, je commence un peu à m’impatienter, alors on s’occupe comme on peut. Pendant ce temps, les artistes se préparent, et le stress monte. Un bout de réplique par-ci, un rire nerveux par là, l’atmosphère évolue en fonction des minutes qui s’écoulent, lentement. Et moi je me retrouve là, en chaussettes, dans cette belle entrée que nous avons décorée, à faire les cent pas. Ah ! ce qu’ils peuvent en mettre du temps, ces collégiens ! Quand ils surgissent, je me tiens près de la porte, face à Alice. La concentration des comédiens se termine. Nous échangeons un regard complice lorsque Dominique lance enfin, de sa voix forte : « Ouverture des portes ! ».
  Les collégiens sont placés, nous nous hâtons de retourner à l’entrée principale pour continuer l’accueil. Le sourire aux lèvres, je vois défiler les visages et je sens sous mes doigts le carnet de billets qui diminue. Et puis, petit à petit, les derniers spectateurs s’installent. Il ne me reste plus qu’à les rejoindre pour profiter de cette ultime représentation. 
  Sous le feu des projecteurs, les acteurs s’animent, la scène, le décor, tout prend alors un sens. Moi, je la connais déjà, la pièce. Mais la voir une troisième fois m’époustoufle toujours autant. Tout au long de la représentation, les émotions s’enchaînent, entre rire et chagrin, entre émerveillement et effroi, chaque scène nous transporte, et nous captive. Alors qu’un frisson me traverse le corps, alors que je ne peux décrire ce qui est en train de se passer, un des spectateurs met des mots sur ce que je n’arrive pas à formuler, en murmurant, dans la salle : « Fascinant…». Que dire de plus ? Le Dionysos Circus est tout simplement fascinant. 
  Les gens se lèvent. On applaudit, on applaudit si fort qu’aucun des comédiens ne peut prendre la parole pendant un moment. Et moi je suis fière, si fière d’avoir participé à un tel projet avec l’option CAA. Il y eu des remerciements, des rires, des larmes. Alice et moi avons été appelées pour monter sur scène, et je comprends l’émotion des comédiens en larmes. Certains ne reviendront pas. Après une énième salve d’applaudissements, spectateurs et artistes se confondent enfin. J’aide une dernière fois à ranger en vitesse, et j’observe, de loin, la scène. 
  Ce moment restera pour moi un souvenir incroyable, et pour beaucoup d’autres aussi, j’en suis sûre. Car ce soir, dans une dernière magistrale, Le Dionysos Circus se retire. 
                                                                               Mia, CAA1

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