Euripide écrit Les Bacchantes en 406 avant J-C, peu de temps avant sa mort. Cette tragédie raconte la rencontre explosive entre Dionysos et les habitants de Thèbes. Dieu du vin, de l'extase et du délire, de la folie et de la démesure, dieu du théâtre aussi, Dionysos veut punir les Thébains de ne pas reconnaître sa divinité. Il est né du dieu Zeus et d'une mortelle, Sémélé, la fille de l'ancien roi de Thèbes, Cadmos. Ce dernier a laissé le pouvoir à un autre de ses petits-fils, Penthée, fils d'Agavé, la sœur de Sémélé. Penthée et Dionysos sont donc cousins, « cousins ennemis » même...
Dionysos arrive donc à Thèbes pour faire reconnaître à tout prix sa légitimité divine et punir les récalcitrants, à commencer par toute sa famille maternelle. Il se présente comme un humain, fervent adepte du grand Dionysos. Le jeu tourne à la farce, sinistre et tragique. Il soumet d'abord les Thébaines à son dessein et, les ayant rendus folles, il envoie ces Bacchantes dans la forêt. Le roi Penthée, lui, résiste. La puissance divine se manifeste dans ce conflit : le roi est isolé, ridiculisé, subjugué et, à la fin, travesti en femme puis livré aux Bacchantes, à commencer par la première d'entre elle, sa mère Agavé.
Cette histoire intemporelle nous parle de la dépendance et de la folie. Le dieu des plaisirs et des excès séduit et envoûte les hommes (et d'abord les femmes) jusqu'à leur en faire perdre la raison, jusqu'à leur faire commettre les pires horreurs, jusqu'à engendrer la destruction de toute une famille et de tout un peuple. Mais Penthée vaut-il mieux, arc-bouté sur ses principes intransigeants et son pouvoir ? Cette histoire nous parle aussi d'intolérance, d'intégrisme et d'extrémisme, dans un affrontement dont la violence ne peut qu'entraîner la ruine des familles et des cités. Elle nous parle de ces sanglants engrenages tragiques que déclenchent ces hommes et ces dieux qui perdent la mesure et la raison...
Pourquoi le cirque ? Parce que Dionysos est un habile manipulateur, à la fois illusionniste et dompteur. Parce qu'il métamorphose les Hommes en un troupeau de bêtes soumises à leur maître. Parce qu'il met en scène et ordonne le spectacle des Hommes comme un monsieur Loyal. Parce que derrière les stars que sont les artistes, se cachent les petites mains, ces agents qui regardent, commentent et subissent. Parce que cette histoire, c'est un peu celle de ces éternels « jeux du cirque », violents et sanglants, effrayants et divertissants. Et quand le spectacle se termine et que le cirque repart, il ne reste plus rien qu'un espace vide et dévasté, tandis que le show va continuer ailleurs, encore et encore.
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