Après Abraham, voici un autre exemple intéressant de père meurtrier, issu de la mythologie gréco-latine cette fois-ci. Celui-ci dévore carrément son fiston. Il s'agit de Cronos (Saturne), le dieu du temps. Goya en a fait un tableau, entre 1819 et 1823, une toile impressionnate que Vincent a dénichée et qu'il commente ainsi :
"Les beaux-parents bouffant les tripes de Sosie...
Une vieille histoire...
Goya, au début du XIXème siècle, a peint le tableau de Saturne, le Cronos de la mythologie grecque, qui dévorait ses enfants à leur naissance parce qu'un oracle avait prédit que l'un d'eux le détrônerait... Il y a quelques milliers d'années, on se racontait donc déjà l'histoire de Sosie et de Shpratzi écrasés par leurs parents qu'ils voulaient remplacer...
L'image est terrifiante, c'est un peu à ça que vous pourriez ressembler lorsque vous dévorez les tripes sur scène, non ?"
"Saturne dévorant un de ses fils" ("Saturno devorando a un hijo")
Une autre analyse de ce tableau :
"[...] L’interprétation de «Saturne dévorant un de ses fils» peut reposer sur cette désespérance : l’homme, comme les dieux, n’est-il pas capable du pire ?
Car les dieux ont été crées par les hommes pour leur renvoyer le miroir de leurs pulsions les plus dévastatrices et les en exonérer ensuite : « si nous sommes capables de tels actes sanguinaires, vous qui n’êtes que des humains ne pourrez pas y résister. » Goya a peint des soldats français fusillant de pauvres villageois innocents mais il sent que cela ne peut suffire pour décrire la noirceur de l’âme humaine ; il lui faut peindre un tableau d’une simplicité compréhensible par tous, avec peu de personnages et aucune fioriture, sans décor ni recherche de couleurs ; un tableau où LE personnage symbolisera les tréfonds du mal ; la vie réelle ne le lui offre pas cet homme ? Goya ira le chercher dans la mythologie, riche en évènements sanglants provoqués par la volonté de puissance et l’avidité des dieux. Saturne incarne ce mal absolu, ce malheur total et inéluctable : son regard est empreint de folie, sa propre terreur le rend fou, à moins que ce ne soit la douleur (imaginée) de son fils …
Ce monde qui s’auto-détruit, car Saturne mange la chair de sa chair, a perdu la raison et nous effraie, car ce tableau est bien la négation de toute humanité."
Anne Bordier
source : http://entreleslignes.over-blog.fr/article-saturne-devorant-l-un-de-ses-enfants-38804418.html
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