Il y a trois jours le Soldat au ventre ouvert est mort et on a emporté son cadavre. J’ai gardé ses vêtements, je ne sais pas pourquoi. Un soleil pourpré, crépusculaire illuminait le sol gelé où gisaient sa chemise tachée de sang, son pantalon déchiré, ses bottes aux semelles trouées. Cette étrange vision m’a rempli d’une inexplicable tristesse : j’ai eu la sensation que c’était moi qui mourais. Que la vie à laquelle je me raccrochais autrefois, qui m’apparaissait si intense, si riche, était désormais ténue, prête à se défaire.
Le Soldat Ventre-creux, scène 14
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