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Pour ceux qui aiment la lecture...

Une analyse du projet
Télémaque
 
Vu d’Ithaque, Ulysse est une absence.
Pour le reste, de tous points de vue, son odyssée est une rumeur, une affaire de mots, une belle histoire peut-être, mais une illusion forcément. Une histoire qui court, comme son héros, aussi insaisissable et mouvante que lui[1] : “L’homme aux mille ruses sait travestir la parole, inventer des histoires pour cacher son identité ou éprouver son interlocuteur. Le charme de sa parole le rapproche de l’aède”[2], ce conteur qui envoûte son auditoire de ses fables. Outre la puissance intrinsèque du mythe homérique, sa prospérité tient également à cette profonde incertitude qui le fonde, aussi peu sûre que l’existence même de son auteur.
Rien n’est sûr, donc tout est possible. Toujours présente en filigrane, cette odyssée initiale est reconsidérée par des écrivains qui refusent de “croire sur parole” une histoire qui ne repose que sur la parole. “Je ne voudrais surtout pas me rendre coupable d’anachronisme”[3], déclare non sans humour le président du tribunal (du XXIème siècle) chargé de juger le roi d’Ithaque. La question ne se pose pas en ces termes. Dès le deuxième siècle, Lucien n’écrit-il pas que “le chef de file [des menteurs] et le maître en fariboles de ce genre fut l’Ulysse homérique”[4] ? Bien avant lui encore , Platon dénonçait, dans La République, les récits d’Ulysse comme mensongers. À leur tour, Margaret Atwood[5], Jean Giono[6], Annie Leclerc[7], Jean-Michel Ribes[8] (pour ne citer que ceux qui sont présents dans le spectacle) s’emparent du mythe comme Homère l’a fait avant eux, et comme nous le faisons modestement avec notre Télémaque. Les textes de ces auteurs y dessinent, comme les cailloux blancs du Petit Poucet, une autre histoire, ni tout-à-fait la même, ni tout-à-fait une autre. La nôtre, quoi qu’il en soit.
Essayons de faire simple.
Vu d’Ithaque, Ulysse est une absence. Mais les autres, eux, sont là.
Télémaque est un enfant qui grandit sans son père et Pénélope est une femme abandonnée par son mari. Ça dure vingt ans. Une famille monoparentale avant l’heure si l’on veut. Celle-ci a du mal à tourner la page. Et pour cause…
Télémaque donc. L’enfant sans père. Il est pourtant tellement là, ce père, dans son absence, que l’enfant, forcément, va se l’inventer. Il construit avec ses poupées l’image qui lui manque, celle d’un héros au sourire si doux, si réconfortant de son incontestable supériorité.  Quand il joue au petit soldat, c’est forcément ce père héroïque qui mène, et gagne, la bataille.  Mais la belle icône, quand on grandit, devient un boulet à traîner, surtout quand on entend ce qui se dit du modèle. Et il s’en dit tant. Bidon, le paternel ? Qui saura jamais ? L’homme de chair n’est pas là pour que le fantasme affronte sa réalité. Et quand il reviendra enfin, ce sera trop tard : son image lui colle tellement à la peau que les deux ne font plus qu’un. Entre haine et désir, l’enfant tente de se trouver une place. Et tout le monde la lui refuse : sa mère, son père plus tard, mais aussi toute cette jeunesse qui a envahi la maison. Prétendants et servantes - ils ont le même âge que lui, -, mais eux, sans les chaînes de cet invisible boulet paternel, dévorent la vie des pleines dents de leurs vingt ans, en le narguant, le Télémaque. Comment pourrait-il le comprendre autrement ?
Télémaque est un adolescent malheureux qui ne peut pas grandir sereinement.
Et puis il y a Pénélope, la mère. Elle est belle encore, pas si vieille que ça, quarante ans peut-être. Vingt ans qu’elle attend, enracinée au sol d’Ithaque comme son lit conjugal en bois d’olivier que lui a édifié son évanescent époux, plus prompt à le construire qu’assidu à l’habiter. En tissant le suaire de son beau-père, c’est son propre linceul qu’elle n’en finit pas de porter, enterrée vive par l’absence de son homme. Comment cette “épouse modèle, [c]e grillon du foyer”[9] pourrait-elle ne pas bercer de temps à autre, “en tout bien tout honneur, de jolies pensées interlopes”[10] ? Ce sont les femmes écrivains[11], bien sûr, qui en font la remarque : on a beau tenir son nom des oiseaux[12], on n’en est pas forcément une dinde, même quand on est une femme… Mais c’est dur de tenir la maison, et de résister à ces jeunes hommes qui se roulent à ses pieds (de manière très intéressée, elle le sait bien, mais quand même…, ils lui promettent tout, et voilà vingt ans qu’elle attend quand le temps, lui, n’attend pas…). Sa guerre à elle ne vaut-elle pas les glorieux exploits de l’époux en goguette ?
Le pire, dans l’histoire, c’est qu’il n’y en a que pour ses souffrances à lui ! Les autres sont là pour ça : leur douleur est leur essence quand la sienne est l’extraordinaire. Et donc l’admirable…
 Mais lui, justement, qui n’est jamais là, parlons-en. Comment faire l’impasse de cet époux et père trop absent et donc (fatalement) omniprésent ? C’est une star. Son image écrasante poursuit la mère et obsède le fils, qu’elle empêche d’être lui-même. De la même manière qu’il ne peut être roi tant que le roi est vivant, l’adolescent ne peut devenir un homme tant qu’il demeure sous la domination de ce héros virtuel à côté duquel il n’est rien. Comment Télémaque pourrait-il ne pas le comprendre, ou au moins le sentir, emmuré qu’il est dans le même tombeau familial que celui où croupit sa mère, entouré de cette jeunesse avide de jouir de la vie, à l’opposé absolu du deuil avant l’heure qu’on lui inflige ?
Parce que la vie est là, au sein de la maison même : Les servantes, ce sont les filles que Pénélope n’a pas eues. Les prétendants, qui convoitent pitoyablement la reine-mère, sont les camarades de jeu de Télémaque. Tous ont le même âge que lui, le dira-t-on assez. Ils vivent, festoient, dansent, aiment ces jeunes filles qui ne savent pas qu’il leur reste bien peu de temps à vivre… C’est bidon, ce genre de vie là ? Peut-être… Mais pas plus que l’absence d’existence de Télémaque et de sa mère, non ? Ou, pour le dire autrement, qui peut vivre dans cette histoire, à part ce héros (sur lequel on s’apitoie invariablement, mais qui sera le seul à continuer à exister d’une vraie vie[13], balayant d’un nouveau départ les vingt années d’attente, d’espoir et de désespoir de tous les autres ?).
Revenons à nos bidons… heu, pardon, à nos moutons : l’intournable, l’absent, celui qui a le beau rôle, cet Ulysse sans qui rien n’aurait pu être, celui par qui rien ne peut advenir, cet empêcheur de vivre en rond. La faute aux dieux ? Admettons…
Qui est-il donc, cet Ulysse aux mille ruses, cet homme dont on dit qu’“à tant de menteries, comme il [sait] donner l’apparence du vrai”[14] ? L’époux modèle qui n’a qu’une hâte : retrouver “la joie du lit ancien” et sa douce compagne ? Le noble roi tout dévoué à sa terre d’Ithaque ? Le père aimant qui ne part à la guerre que pour sauver son fils ? Le courageux humain victime des dieux (et des déesses) qui se jouent de lui ? Héros toujours, digne jusque dans les plus terribles malheurs ? Ça, c’est l’image d’Épinal.
Si on y regarde d’un peu plus près, on peut s’interroger. Athéna n’est pas dupe, qui lui dit : “Quel fourbe, quel larron, quand ce serait un dieu, pourrait te surpasser en ruses en tout genre ! Pauvre éternel brodeur ! n’avoir faim que de ruses !... Tu rentres au pays et ne penses encore qu’aux contes de brigands, aux mensonges chers à ton cœur depuis l’enfance !”[15]. Il faut bien reconnaître que, découvrant le vaste monde, il ne s’y ennuie pas. Entre conquêtes glorieuses et rencontres séductrices, il voyage de port en port, tous ces ports “aux bras de femmes…”[16]. Vingt ans, quand même, c’est long. L’alibi devra être de taille. L’Ulysse de Giono trouve la solution dans les paroles d’un guitariste aveugle qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’aède Homère : “Il y a quelque chose de divin, à tout prendre, dans la disparition de cet homme qui fond au milieu de la vie comme une vapeur.”[17] Revenons à l’étymologie pour ne pas nous égarer. Ulysse, c’est la haine[18] : “haïr, être fâché”. Voilà un Ulysse déjà moins conforme à notre héroïque image… Mais ne nous construisons-nous pas sur ce genre d’images bien peu conformes à la réalité ? Le pire, c’est que nous le savons bien. Cet insaisissable ne le serait-il pas de ne pas aimer les autres ? Incapable d’être, Ulysse ne sait que mentir et fuir. Tant pis pour les autres, femme et enfant compris. Le mythe n’existe que parce que tout le monde veut bien prendre des vessies pour des lanternes. Coupable, Ulysse ? Coupable, le mythe ? Non bien sûr ! Miroir de nos âmes, de nos fragilités, de nos désirs.
Parce qu’en plus, le mythe ne nous cache rien, surtout pas ce que nous voulons oublier. Et le pire, c’est que notre héros ne revient que pour faire un radical ménage et repartir immédiatement. C’est Homère qui le dit. Alors…
Alors elle est où, la vérité ? Nulle part, et c’est ça qui est chouette. Parce que, comme dans la vie, tout n’est qu’apparences, points de vue, interprétations…“À tant de menteries, comme [ils savent] donner l’apparence du vrai” : la phrase parle d’Ulysse, mais elle irait comme un gant au théâtre. La tragédie grecque est née des cérémonies au dieu Dionysos, dieu du vin qui, dans les mystères de la fermentation et de l’ivresse, savait transformer la matière, brouiller sans cesse les frontières, faire entrevoir ce qui se cache au-delà de notre réalité, et dépasser la mort. Ulysse est le maître de la métamorphose, son nom est personne, ce n’est pas pour rien : “Outis est mon nom, on me nomme personne”. Ainsi trompe-t-il le Cyclope qui ne peut poursuivre une ombre inexistante. Et du grec au latin, le lien se construit sur cette capacité à se mettre dans la peau d’un autre. “Le mot latin, persona, désignait le masque de l’acteur. Puis il a signifié le personnage ou le rôle.”[19] Qu’est-ce qui sépare Ulysse du théâtre ? Pas grand chose, le souffle du verbe les réunit plus qu’il ne les oppose. Ulysse n’est-il pas le comédien par excellence ? Comme, de tant de mensonges, ne savent-ils pas nous dire une part de notre vérité…
Pendant ce temps-là, Télémaque voudrait bien devenir un homme[20], exister enfin, par et pour lui-même, être au monde, lui qui est toujours “au loin”[21], coincé entre une mère omniprésente mais vide d’elle-même et un père omni-absent mais trop plein de son image. Il aurait bien voulu se l’approprier, cette mère dont il espère qu’elle : “gardera ce manoir, sans aller chez un autre et sans me quitter, moi, qui serai désormais l’égal de mon père, ou mieux !”[22]. Il ne fera que la rejeter en la renvoyant à ses casseroles : “Rentre à la maison et reprends tes travaux, ta toile et ta quenouille. C’est une affaire entre hommes […]”[23]. C’est alors dans la monstruosité qu’il “[sera] désormais l’égal de [son père]”, outrepassant dans la cruauté l’ordre paternel en infligeant aux servantes une pire mort que celle que le héros avait ordonnée. À ces jeunes filles de son âge, pleines de vie, ces “grives aux larges ailes, colombes qui [voulaient] regagner [leur] nid”, il préfère faire subir “la mort la plus atroce”. Si tôt, les “voilà couchées au sommeil de la mort…”[24] : “Et leurs pieds s’agitent un instant, mais très bref.”[25]
“Tu seras un homme, mon fils” ? Non, le postulat est inverse : “Je serai un homme, mon père” ! À quel prix… Et pourquoi ? Parce que le père lui a refusé d’entrer dans la cour des grands, le balayant d’un signe pour l’empêcher de concourir au jeu de l’arc. Infantilisé à jamais, et par son père qui plus est ! Il le dépassera pourtant, et de quelle manière : on ne lui a pas laissé d’autre choix que celui de l’inhumanité. Il ne recule pas parce qu’il n’a déjà, du haut de ses vingt ans, plus rien à perdre. L’éternelle initiation à la vie d’homme, vue par le mythe,  donc à l’extrême…
C’est cette histoire-là, aussi, que L’Odyssée évoque, et que Télémaque, essentiellement, raconte. Une histoire dans laquelle les dieux n’ont rien à voir. Désacralisation du mythe ? À la bonne heure !  C’est drôle, cette humaine répétition des choses, avec ou sans divin alibi ! Le mythe alors, peut-être, ne peut que nous interpeler davantage. Nous concerne-t-il moins en gagnant en familiarité ? Nous fait-il moins rêver sans l’aréopage divin qui, de toute façon, ne nous édifie plus ? Ce que le bidon perd en poids, notre histoire ne peut qu’y gagner en densité.
Maintenant, Chut !… “Silence. Le poète se tait. L’histoire est achevée. Il faut laisser à la terre le temps de boire le sang versé et les larmes. Ulysse est reparti.”[26]
Comme d’habitude.

[1] “Le mutos se présente, dans le contexte grec, non comme une forme particulière de pensée ni comme un type spécifique de récit… mais comme l’ensemble de ce que véhicule et diffuse, par communication orale, cette puissance sans visage, anonyme, insaisissable que Platon nomme Phémé, la Rumeur.” J.P. Vernant, la Grèce ancienne, essais point, page 11
[3] Margaret Atwood, L’odyssée de Pénélope, 2005
[4] Lucien, Voyages extraordinaires, “Histoires vraies A”, Édition Les belles lettres, page 41
[5] Margaret Atwood, op. cit.
[6] Jean Giono, Naissance de l’Odyssée, 1938
[7] Annie Leclerc, Toi, Pénélope, 2001
[8] Jean-Michel Ribes, L’Odyssée pour une tasse de thé, 1987
[9] Georges Brassens, Le mécréant,  “Pénélope”, 1960
[10] Georges Brassens, op. cit.
[11] Margaret Atwood et Annie Leclerc, op. cit., entre autres
[12] Le nom de Pénélope vient de πηνέλοψ/pênélops, qui désigne une espèce de canard ou d’oie sauvage.
[13] Avant qu’un autre de ses fils (oui, il en a eu d’autres…) ne le tue et que ce dernier, selon certaines versions, n’épouse la mère du premier… Oedipe n’est pas loin. On s’en étonnera ?
[14] Chant XIX, 203 : Demont, Poche p 70. Poétique de l’illusion, après le premier récit d’Ulysse à Pénélope
[15] Homère, L’Odyssée, vers la fin du VIIIe avant J-C, traduction Jean Bérard, Folio classique, page 276
[16] Jean Giono, op. cit.
[17] Jean Giono, op. cit.
[18] L’étymologie du nom est sujette à discussion. Homère le rattache au verbe δυσάω / odusáô, “haïr, être fâché”, que l’on a rapproché de la racine indo-européenne odys, qui a aussi donné odiosus (“odieux”). Ainsi, au chant XIX de l’Odyssée, Autolycos déclare : “Comme j’arrive ici fâché contre beaucoup de gens, hommes et femmes sur la terre qui nourrit les hommes, que cet enfant se nomme Le Fâché.” Il s’agit cependant plus d’un jeu de mots que d’une véritable étymologie. Le Petit Larousse des mythologies donne comme étymologie ‘οδύσσομαι, ‘odússomai: “s’emporter, se mettre en colère, être emporté”. [Source : Wikipédia]
[19] “Carl Gustav Jung reprend ce terme vers 1920 pour désigner une instance psychique d’adaptation de l’être humain singulier aux normes sociales.” http://www.universalis.fr/encyclopedie/persona/
[20] La Télémachie [l’une des parties de L’Odyssée] est un roman d’apprentissage épique (cf. le livre de Fénelon à l’usage du dauphin de France) qui consiste à perdre ses illusions pour entrer dans la vraie vie.
[21] Télémaque (en grec ancien Τηλέμαχος / Têlémakhos) signifie “qui se bat au loin”, en référence à son père [ou “celui qui se bat de loin”, en référence à l’arc - Demont poche p61-]
[22] Homère, op. cit. page 407
[23] Homère, op. cit. page 415
[24] Homère, op. cit. page 434
[25] Homère, op. cit. page 434
[26] Annie Leclerc, op. cit.

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