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C'est quoi les barbares suite

Et comme rien ne fait peur à nos latinistes, ils ont même prévu une version pour une lecture audio. Joli travail !

Si je vous dis « barbares », vous aurez tendance à imaginer des peuples peu civilisés, hirsutes et brutaux, vêtus de peaux de bêtes, ignorant l’usage du shampooing, et hurlant des grognements incompréhensibles en se ruant vers vous la hache à la main. Sachez que cela n’a pas toujours été le cas. Cette vision du barbare peu aimable s’est façonnée au fil du temps dans la langue française, influencée par nos leçons d’histoire où l’on évoquait de terribles tribus venues envahir l’Europe, et ayant par exemple pour chef le redoutable Attila, véritable Roundup de l’antiquité puisque, disait-on, là où il passait, l’herbe ne repoussait plus.

Si nous remontons dans l’étymologie du mot barbare, nous faisons une première halte chez les Romains. Le barbarus romain n’est, justement, pas romain. C’est d’abord un étranger au territoire de Rome, puis à la fin de l’empire, il désigne un étranger hostile, voire un ennemi. Remontons encore un peu plus, et accostons chez les Grecs, pour lesquels le barbaros est là aussi l’étranger. Mais le Grec nous explique le mot barbaros lui-même : il s’agit de l’onomatopée bar-bar, c’est-à-dire, ce que le Grec éduqué et civilisé entendait quand s’exprimait le dit étranger : bar-bar-bar… Un sabir incompréhensible et sans doute aussi un peu méprisable au regard des chefs d’œuvre d’harmonie et d’éloquence que nous devons à Socrate, Platon, Démosthène et Homère.

N'en tenons pas rigueur aux anciens peuples helléniques, nous Français avons traité avec autant de hauteur les Bretons qui se présentaient dans nos auberges, en prétendant qu'ils baragouinaient, de bara-, pain, et gwin-, vin, en langue bretonne. Les pauvres Bretons n'en demandaient en réalité pas plus que les autres voyageurs, mais leur pain "bara" les assimilait pourtant aux antiques barbares. Quittons la Bretagne pour l'Afrique, où les Arabes avaient eux aussi leurs barbares, qui devinrent par le biais de l'espagnol, bereber, c'est-à-dire, le peuple berbère d'Afrique du Nord, et non pas "bérets verts", bien que ces derniers, issus de la légion étrangère, puissent également inspirer la frousse, notamment leurs soldats nommés pionniers, portant une hache, un tablier de buffle, et une longue barbe.

Et on en arrive à la question suivante : Les barbares portent-ils la barbe ? Si le cœur leur en dit, mais il n'y a pas de parenté étymologique attestée entre ces deux mots, n'en déplaise à l'imagerie traditionnelle. Bref, de même que l'habit ne fait pas le moine, la barbe ne fait pas le barbare, voilà une explication au poil. Alors, quand vous irez passer vos prochaines vacances chez des peuplades lointaines, ne vous sentez pas supérieurs, et dites-vous plutôt qu'au fond, à l'instar des cons, on est tous le barbare de quelqu'un ! 



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