Voici donc la bien belle pépite de Camille, l'une de nos régisseuses de choc. Elle nous écrivait ceci pour présenter ce texte : "J'ai souhaité écrire une pépite pour toute la troupe. Au début, je voulais la faire sous forme d'un journal de bord que j'avais nommé "journal de bord de scène". Mais il était très très long et il ne résumait pas assez mes émotions. Alors j'ai opté pour le résumé de la dernière représentation à Truffaut suivi d'un message. Ma pépite reste cependant longue et j'en suis navrée, j'ai pas réussi à la raccourcir plus." Faut pas en être navrée, Camille, on ne se lasse pas de te lire...
La première fois que j'ai utilisé ce mot j'avais cassé une mine de crayon. Je m'étais fait disputer par une personne qui m'est chère mais aujourd'hui je le hurle aux oreilles de personnes qui me sont aussi proches. Je ne le leur dis pas méchamment, je leur souhaite seulement de réussir ce spectacle parce que c'est le dernier. Je remonte en régie, casquette baissée, car je suis triste que ce soit presque fini. Pourtant dix minutes auparavant, avec les PCP, on ne pouvait plus s’arrêter de rire (ah oui, les «PCP», ce sont Maïlie, Soline et Léa, les trois autres régisseuses, mais je vais les appeler par leurs prénoms ici pour vous). On riait parce qu'on a voulu faire peur à Stéphane avec une pile... Ils sont fous ces régisseurs, n'est-ce pas ? Je suis donc triste car c'est la dernière fois que je peux récapituler le travail qui concerne chaque régisseuse avant l'envoi. La dernière fois qu'on voyait la salle remplie. La dernière fois qu'on allait la jouer. « On ouvre !!! Tenez-vous près ! ». C'est le signal. Mains sur la console, nous sommes armées de nos fusils pour envoyer de la bombe ce soir-là. Léger mouvement de « potard » (curseur) pour entrer dans cette ivresse que nous offre le théâtre, et aussi Rag'bar...
Brouhaha... Ça y est, ils sont là. Ils sourient, s'installent, attendent le spectacle. Habitués ou non, ils vont redécouvrir Cyrano. Et ils sont prêts. On ne peut plus reculer, puisque derrière nous il y a la fenêtre, mais aussi parce que le spectacle est lancé. Les comédiens entrent et jouent leurs rôles. Regard fixant la scène. Cette scène voilée par... un parking ?! Mais qui a eu la folle idée de planter sur nos vieilles planches un parking de banlieue ? Ce tapis où rôdent les musiciens, leurs instruments à la main. Ils jouent leurs personnages avant les premières répliques. Le speech de Dom' s'entend enfin. A quoi sert-il ? Hormis à présenter la pièce et les différents acteurs du projet, il sert à déstresser nos chers comédiens, enfin, c'est ce qu'ils nous ont dit... Exigeantes ces mini-stars (oui « mini » parce que les grandes stars sont les régisseurs).
Dernier acte. Cyrano doit mourir, oui je viens de vous dévoiler la fin... On se prépare à envoyer le final. La dernière musique, celle qui conclut cette pièce. Dans une minute on l'envoie... Trente secondes... « La môm’ de Bergerac est morte assassinée ». Le sampleur ne fonctionne plus, on ne peut pas envoyer la musique... Non je rigole, ça, ça n'est pas arrivé et heureusement. Donc on envoie la musique, Soline se donne à fond en lumière, Maïlie encercle la scène avec la découpe et Léa envoie un maximum de fumée pour asphyxier la salle mais surtout pour les effets spéciaux. « Aaah ». Noir.
Et le combat continue... C'est le titre de la musique pour le salut. Nous courons vers les coulisses, petit hochement de tête vers Léa : on peut entrer en scène. Casquette retirée, lèvres étirées, on s'incline sous les applaudissements de ce cher public.
Je viens de résumer notre dernière représentation mais je ne vous ai pas encore remerciés. Vous remercier pour ce que vous m'avez offert durant cette année. Tout ce que j'ai appris grâce à vous...
D'abord les comédiens et musiciens. J'admire votre grande patience lorsqu'il fallait monter, démonter et tout régler avec nous. Je trouve que vous avez nettement progressé depuis le 2 septembre et c'est ce qui a fait de ce spectacle un chef d’œuvre. On a beaucoup échangé de rires et de larmes ensemble et pourtant on est resté soudé jusqu'au bout (un peu comme le ruban de LED même si celui-ci ne fonctionnait pas...). Bref je pense que je peux vous être redevable pour tout le bonheur que vous m'avez offert. Un milliard de remerciements.
Ensuite les professeurs. Si notre troupe de théâtre est notre seconde famille, alors vous voulez bien être tous les trois mes parents ??? Quoique... Supporter trois parents au lieu de deux c'est compliqué... Bon je vais réfléchir à ça et je vous rappellerai... Bref, sinon je voulais te dire un immense bravo à toi, Dom', car je crois (Je suis pas sûre, hein) que sans toi on n'aurait pas réalisé ce projet. Ton travail est toujours aussi remarquable, j'ai vraiment apprécié cette année à tes côtés. Bon, certes, tu nous pressais un peu le pas avant chaque représentation mais il le fallait. « On peut faire les balances ? », « heu... non, Dom', on n'a pas branché les enceintes... ». Et puis tu sais nous engueuler et nous réconforter quand il le faut.
Enfin Stéphane ou PCP 5 ? Tu as été certes absent pendant plusieurs séances mais on ne t'en veut pas car, d'une part, on a pu être plus autonome et puis tu es tout de même venu à plusieurs cours. D'ailleurs, grâce à toi, j'ai choisi la régie lumière. Comme tu es plus proche de la régie lumière, c'est ce qu'on a le plus travaillé avec toi et j'ai pu découvrir plein de choses qui m'ont convaincue pour choisir mon avenir. Donc merci à toi. Et prends soin de notre PCP, il est précieux comme Roxan.
Le meilleur pour la fin : les PETITES régisseuses. Vous m'avez fait aimer le mercredi plus que jamais... Chaque fois que l'on se croisait dans les couloirs je souriais parce que je repensais aux balais du marais, aux dessins qu'on a faits ou encore à notre régie «saltimbanque ». Bref beaucoup de souvenirs qui resteront dans ma mémoire.
Aujourd’hui je coupe donc cette douce mélodie qu'était le théâtre, mais ne vous inquiétez pas je le fais en lent decrescendo... Et n’oubliez pas qu'à la fin de l'envoi de cette pièce VOUS m'avez touchée.
A bientôt, merci pour tout.
Camille PCP 1
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