Qui est donc Dionysos, ce mal connu, plus complexe et riche qu'on le pense souvent ? Trop à en dire en un seul message. Notre feuilleton commence...
Dionysos est fils de l’union adultérine de Zeus et de Sémélé, fille de Cadmos, roi et fondateur de Thèbes.
Jean-Pierre Vernant, dans son livre L'univers, les dieux, les hommes (Seuil, 1999), souligne que, dans l'histoire de Dionysos, tout est centré sur la dialectique entre identité et altérité, autochtonie et ouverture à l'étranger. Ce n'est pas un hasard si Dionysos est le dieu qui vient du dehors, toujours perçu comme étranger à la cité et mettant en danger sa stabilité.
Il faut être extrêmement prudent sur la place à accorder à Dionysos dans le panthéon gréco-latin du fait même de la dénégation dont il l’objet, de la part des Grecs et des Latins, mais aussi des savants qui ont essayé de comprendre son culte et ont rivalisé dans l’ingéniosité pour lui accorder une origine autre que grecque : Dionysos est considéré, en raison même du désordre qu’il introduit, comme un dieu pas comme les autres, souvent rejeté comme un dieu étranger et tard venu dans la cité ou comme le dieu de l’enfance, de l’animalité et de la barbarie qui menace la raison et les institutions, en particulier celle du mariage, puisqu’il entraîne les hommes dans les excès du sexe et de l’ivresse, et les femmes dans la transe et dans l'intimité avec la nature où elles risquent de mettre en péril la fonction qui leur a été assignée dans la cité.
Barbarie intérieure ou extérieure, tel est l’enjeu de Dionysos.
Il est le dieu de la marge et de la transgression, le dieu d’un ancien et lointain rapport immédiat et parfois violent à la nature, mais en même temps il est le dieu central et indispensable du renouveau, de la joie et de la vie, de l'ouverture à l'autre, qui va contre la tendance de l'homme et de la cité à se replier sur les certitudes de leur maîtrise et de leur identité autochtone.
On le retrouve partout, dans toutes les cités de la Grèce depuis les temps les plus reculés, lié à l’humidité fécondante, au vin et au théâtre, à l’expansion et au dédoublement de soi, à la mort et à la renaissance de la végétation comme de l’individu.
Il est le dieu qu’on invoque et qu’on appelle (Bacchos, Iacchos, sont des mots tardifs venant des verbes bacchan ou baccheuein signifiant "être animé par le délire", "pousser des cris").
Sources : www.cndp.fr/archive-musagora
Commentaires