Soir de la générale
Dominique nous complimente et je sens un sourire s'épanouir sur mon visage : Ca y est, on le tient, ce spectacle ! On l'a ! s'écrit-elle. Allez, maintenant, je vous laisse faire les exercices de concentration avec Gaëlle, ajoute-t-elle.
Une vingtaine de minutes plus tard, je suis étendue au sol. Les lampes me chauffent le corps et je m'exhorte à faire voyager une boule de chaleur placée au creux de mon nombril dans tout mon corps. C'est très reposant et une sensation de plénitude s'empare de moi.
Je me relève tranquillement ; l'exercice est fini. Gaëlle demande au groupe de tourner en rond et de se prendre dans les bras les uns les autres. Je m'exécute donc et prends dans mes bras plusieurs personnes, on me chuchote des "merde" à l'oreille et je fais de même.
Je prends plusieurs de mes amis dans mes bras, me cantonnant aux personnes qui me sont familières. Puis je croise la route d'une terminale que je connais peu, à qui je ne parle pratiquement jamais. Elle me serre dans l'étau de ses bras, avec douceur et tendresse, comme le ferait une sœur. Elle fait cela tout naturellement, comme si un lien intime nous unissait, alors que ce n'est qu'une "connaissance". Je suis chamboulée, une boule se forme dans ma gorge. Elle me relâche, sourit et part à la rencontre d'un autre comédien. Les larmes me montent aux yeux et je suis émue. Je continue la ronde en étreignant d'autres personnes.
Le public commence à entrer dans la salle, tout le monde rejoint les coulisses et je tremble d'émotion. Mon cœur bat vite, mes yeux s'embuent et j'entends Mona murmurer : en fait, le théâtre, c'est comme une grande famille...
Je me détourne et aperçois des larmes couler sur les joues de Rose et de plusieurs autres de mes camarades. Je réalise alors que des larmes coulent aussi sur mon visage. Toute la fatigue et le stress de ces derniers jours s'évacuent et je suis presque choquée de ce qui vient de se produire. Je n'aurais jamais imaginé en début d'année que je puisse me rapprocher autant de personnes qui sont parfois complètement à l'opposé de ma personnalité ! Je sais que, quand cette année prendra fin, ce qui ne tardera pas à arriver, je serai plus triste que jamais. Je me souviendrai toute ma vie de l'émotion que je viens de ressentir.
Dominique finit son explication, le rideau s'ouvre, la musique retentit, les lumières éclairent le plateau, j'abaisse mon masque et entre en scène...
Brochard Marie 2E - CAA groupe du mardi - option théâtre
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